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Le Sirop du Serpent
21 octobre 2010

Voies intérieures

P160910_18Au son lancinant et vaporeux des jours qui se consument comme autant de cigarettes au coin de mes lèvres, elles qui ne peuvent s'empêcher de sourire sans pour autant se résoudre à exprimer joie, ironie ou tristesse, les voies se dessinent et se rappellent chaque seconde à ma mémoire...

Souvent, marchant à vive allure et ignorant les gens pour mieux voir le monde qui m'entoure, je fixe le sol qui se déploie à mes pieds battant frénétiquement le pavé. Et la course continue...j'ai écrit un jour l'avoir bouclée, j'ai pensé un soir que je pouvais me fixer là, maintenant, dans une certaine forme de satisfaction, dans un leurre sereinement consenti, dans la promesse de ne plus avoir à questionner le miroir, pour enfin cesser de fuir les obstacles; mais, non pour les affronter, pour les recouvrir d'un monceau funèbre de terre, les ensevelir au plus profond, une bonne fois pour toutes. Cependant, au bout du compte, tout se consume, et en particulier les illusions, surtout celles que l'on tente maladroitement de fixer avec du sable que l'on ne cesse de mouiller; alors une fois que tout s'assèche, on comprend comme ce château n'était pas fait de pierres, mais bien de trous colmatés, à la hâte, pour ne pas les voir, pour ne pas regarder à l'intérieur et s'apercevoir que le trône est celui d'un roi sans couronne, ni peuple, ni reine, ni armes...

Souvent, courant la rue comme on fuirait un monstre, je perds mon regard parmi le dédale en deux dimensions de la voie qui défile en usant les semelles de ma conscience. Alors le vertige s'empare de mes neurones paresseux, mille fois mon corps, lui que j'ai pourtant si longtemps perçu comme si petit, mille fois mon corps me semble trop haut, car le vide qui le sépare de la terre est trop grand, car le néant qui l'éloigne du réel est trop vaste, car le démon frémissant de la raison est trop réprobateur...toutes ces voies se frayent un chemin tortueux au travers de mes synapses comme pour démolir un muret envahit par les ronces, tout se bousculant et s'effritant mutuellement, et la voix de l'esprit résonne, elle susurre, elle suggère, elle se rappelle à moi...


 

Et dans ce dédale intérieur, au milieu de cette infinité de voies qui déploie son intarissable flot de traverses, je vois bien que la voix n'a pas complètement tort : chaque voie doit être arpentée, aimée, apprivoisée...d'autant que, dans le fond, je sais bien qu'aucune ne m'est close. P160910_18C'est aujourd'hui que se détermine demain...alors, peu à peu, je fais un pas de plus dans cette direction, dans cette ruelle sombre dont je sais pourtant qu'elle saura, à n'en pas douter, déboucher sur un trésor tant inattendu que fabuleux. Se détourner du chemin initial est plus effrayant encore que le diablotin ricanant de la conscience observant nos erreurs, mais quoi ? Je n'oublie rien et préserve ma mémoire dans la certitude qu'au jour dernier le repentir aura raison des plaies infligées, et j'arpente, à mon rythme, les voies que le destin met sous ma vie, celles que je prends au hasard et celles que je choisis, et puis je règle le pas sur le pas de mon âme, je retiens mon souffle, je bande mes muscles et j'enveloppe mon cœur, faisant chaque jour, dans la course des semaines et des mois, un pas de plus sur cette route incertaine et inquiétante de ce que j'aurais toujours du être.
 

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  • Tristan Lazare - Des petits rien et un peu de tout, pour l'incandescence des jours, le souffle ample des instants, la respiration de la houle sur les rochers, et le givre qui prend les herbes à la surprise d'un caprice de novembre.
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